Une bonne session d'apprentissage en équipe

J'ai remplaçé mon camarade Marcellin dans une session de coaching d'équipe : apprentissages

· Education

Hier, j'étais en charge du coaching de l'équipe de 2ième année du Bachelor Jeune Entrepreneur. Je remplaçais mon camarade Marcellin en visite à Buckingham.

Comme je ne coache plus d'équipes dans l'éducation depuis deux années, j'ai apprécié d'un œil gourmand, les caractéristiques de cette équipe de 2ième année.

Qu'est ce qui m'a touché ?

- D'abord, les bonnes personnes étaient présentes, motivées. C'était la session de reprise après les vacances et seuls 6 équipiers étaient présents sur une équipe de 10 ou 12. C'est peu, mais cela arrive dans un cadre qui permet aux jeunes apprenants à se co-responsabiliser. Les sessions ratées doivent être rattrapées en participant à une session d'une autre équipe. Et, de trop nombreuses sessions ratées et non rattrapées peuvent entraîner une impossibilité de créditer son année. Même si d'autres résultats sont présents.

- J'ai d'abord été frappé par l'envie de faire bien de ces jeunes entrepreneurs en équipe. A six, c'est difficile de partager des apprentissages denses pendant 3h30. La matière peut manquer. L'énergie peut aussi manquer. Mais mes compagnons ont co-construit un agenda composé de feedback sur leurs projets, de feedback de visites à des clients (Motorola), de partages de réflexions sur leur progression dans leurs projets. Je ne me suis pas ennuyé.

- L'ambiance était bonne. L'ambiance c'est le point de départ d'une bonne session de travail en équipe. Parfois, les apprenants débutants arrivent en session occupés par une mauvaise humeur, une absence d'énergie et partagent leurs état d'âmes au début de la session. Ce qui a pour effet de faire plonger l'énergie, l'ambiance. Dans une session d'apprentissage en équipe, c'est la responsabilité de chacun de se préparer à parler de manière constructive, même des blocages, des difficultés, du moral en berne. La manière constructive, c'est d'être acteur de ses problèmes. Dans ce cas, l'équipe peut se mettre à aider, à être solidaire. Dans l'autre cas, lorsque la personne est en position de victime, voir parfois d'agresseur, l'équipe ne sert à rien. Donc, c'est important de se préparer.

- Les équipes en chemin cultivent parfois le statut-quo. C'est vraiment difficile de travailler en équipe, que chacun puisse trouver une motivation authentique, et être prêt. Le statut-quo, c'est lorsque l'équipe a trouvé difficilement un palier, dans lequel certains résultats peuvent être créés, mais sans aborder d'autres points qui feraient plonger dans la peur, le ressenti, la frustration ou la colère. Le statut-quo fait partie des phases de vie d'une équipe. C'est le statu de "Pseudo équipe" proposé par Katzenbach et Smith. Et ce matin là, il s'est passé un glissement... L'un des équipiers pose que sa copine, en Ecole Dentaire, lui a annoncé que le chiffre d'affaire de sa promo dépassait les 35K€, en vendant des crêpes, des gaufres et d'autres petits projets... Et dit-il : "nous sommes dans un parcours de développement des compétences d'entrepreneurs, et nous ne faisons pas beaucoup de Chiffre d'Affaire. Cela ne me convient plus."...

- A une tentative de questionnement du statut-quo, le système répond par de la résistance : certains de ses collègues jugent que son propos est plein de jugement :-). Ou bien, que "l'argent n'est pas important" - un autre jugement. "Je ne travaille pas pour l'argent, je travaille pour apprendre de nouvelles compétences" - tentative de neutralisation :-). "Je n'ai pas envie de faire des crêpes, je n'ai rien à apprendre la dessus" - jugement x 3 :-). Ce qui amène l'équipier a préciser sa pensée : "tout de même, ici, trois d'entre-nous font du chiffre d'affaire, facturé avec notre coopérative Opalion. Mais les autres ne contribuent pas aux charges de la coopérative alors qu'ils profitent des événements qu'elle crée. D'autre part, nous avons prévu de partir en voyage d'équipe ensemble, comment chacun va financer sa part du budget du voyage ?".

- C'est le moment de glissement : l'un des équipiers qui ne gagne pas d'argent prend conscience de cette réalité. Il est soufflé. Il la juge injuste pour ceux qui financent. Il veut faire sa part. En plus du projet long terme sur lequel il travaille, il décide de faire émerger des projets court terme, pour payer sa part dans la coopérative et dans le voyage partagé. D'autres équipiers décident de créer un point finances lors de la prochaine session avec toute l'équipe afin de sortir du statu-quo et de créer plus de co-responsabilité.

- Et le coach : il a juste dit qu'il aimait les crêpes ! Et il a félicité l'équipe pour son courage.

Dans une équipe apprenante, chacun découvre la co-responsabilité en fonction de sa culture, de ses possibilités, de ses croyances, de ses besoins et de ses peurs. Et dans une équipe apprenante, nous sommes aussi fort que le plus faible de nos membres.

Bravo les jeunes entrepreneurs !

Et puis, il faut avoir confiance dans le processus !

Portez vous bien ! Pascal

Merci à Corinne Landais qui m'a donné envie de ré écrire ! ;-))

 

Références :

  • Katzenbach & Smith : https://www.researchgate.net/figure/Team-Performance-Curve-Katzenbach-and-Smith-1993-Boddy-2008-describes-five-stages-of_fig4_267393255
  • Corinne Landais : http://www.ideeine.fr/