Qu'est ce que l’économie du bazar nous apprend sur l’économie moderne, sur nous, sur notre façon d’entreprendre et faire du business ?

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image libre de droits Quang Nguyen Vinh

Qu'est ce que l’économie du bazar nous apprend sur l’économie moderne, sur nous, sur notre façon d’entreprendre et faire du business ?

Si l’on devait définir en quelques mots le fonctionnement de l’économie telle qu’on la connaît… cela peut ressembler à cela : dirigées par les logiques de prise de décision rationnelle, dans l’objectif d’augmenter leurs profits, les entreprises indépendantes et en compétition, dans une relation résolument formelle, concluent des ventes et des achats à des prix du marché, (c’est-à-dire aux prix connus à l’avance par les deux parties qui effectuent la transaction).

L’économie du bazar est tout une autre histoire.

Le Bazar est souvent associé à des marchés ouverts où dans une ambiance de foule il est possible d’acheter et de vendre des services et des produits de toute sorte (pour ne pas dire de tout et du n’importe quoi...).

Le bazar c’est avant tout un marché local : ici, les prix sont indépendants des fluctuations des marchés internationaux comme, par exemple, un changement de prix sur la bourse de Tokyo provoquerait automatiquement un changement de prix sur la bourse de New York.

Au bazar, on vend des produits non standardisés, uniques, dont la qualité est à déterminer avant la transaction, plutôt que des produits de marque définis par un niveau de qualité sur une échelle standard.

L’absence de prix du marché et de l’information communément disponible sur la qualité créent une incertitude.

Le besoin d’accéder à l’information (sur le prix et la qualité) afin de réduire le risque pousse les vendeurs et les acheteurs à converser et créer la relation et par la suite de la confiance pour assurer la transaction. Les rituels tels que boire du thé ensemble, discuter des nouvelles, partager des informations sur la famille sont pratiqués de manière naturelle et permanente.

Ainsi, l’économie du bazar ressemble plus à un système social où la conversation/négociation est le maître clé pour les acheteurs comme pour les vendeurs et où non seulement les transactions business ont lieu mais devient un style de vie pour les personnes impliquées.

Dans l’économie du bazar cultiver la relation devient vital car tant que cette relation de confiance n’est pas établie, la transaction ne peut pas avoir lieu. En outre, cultiver les relations personnelles permet de construire des interactions à long terme.

Après avoir partagé ces réflexions avec mes camarades de Mana Mana nous nous sommes rendus compte que notre coopérative ressemble plus au bazar qu’à l'économie traditionnelle…

En effet,

• personne ne se souvient de comment on fixe les prix :)

• nos accompagnements ressemblent à des tapis persans : tous différents des uns des autres

• et surtout : presque toutes les ventes sont conclues après que la relation avec le potentiel client ait été établie… Par exemple, plutôt que de signer rapidement, nous préférons rencontrer le décisionnaire, son équipe, déjeuner, revenir, reformuler le besoin, la demande, présenter l’offre, représenter l’offre, avant de signer.

• Et lorsque cela nous est arrivé de répondre à des appels d’offres et sans avoir établi la relation avec les acteurs du projet, nous pensons aujourd’hui que c’était une erreur… mais c’est encore une autre histoire à raconter.

 

 

Dr Olga Bourachnikova

texte inspiré par l'article :

Rezaei,S., Hansen, B., Ramadani, V., & Dana, L. P. (2019). The resurgence of
bazaar entrepreneurship:‘Ravabet-Networking’and the case of the Persian carpet
trade. In InformalEthnic Entrepreneurship(pp. 63-82). Springer, Cham.